Sport

Vincent Labrune : la fin (provisoire ?) d’un « grand communicant »

Il s’agit de l’extrait d’un article de paramètre fictif.

Après 5 saisons passées à la tête de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune quitte le club sur un bilan médiocre (d’où le départ !) tant sur la plan sportif, financier que communicationnel. Ce qui s’appelle en football faire le « hat-trick », le « coup du chapeau », en d’autres termes la passe de trois !

Le « Labrunexit » se termine (mal… mais pouvait-il en être autrement ?) cette semaine. Il n’eut pas besoin d’un référendum des supporters de l’OM pour montrer la sortie à un président tant détesté. Quant à la patronne, Margarita Louis-Dreyfus, celui qui était son homme de confiance est devenu son homme de défiance.

A double titre cette sortie peccamineuse me fait réagir. En tant que professionnel de la communication, d’abord. Le patron de l’équipe phocéenne démontre que le théâtre de la com’ n’est qu’une illusion dévastatrice. En tant que minot ayant grandi à Marseille au rythme des « ciel et blanc », ensuite. L’absence de titres durant les cinq années d’un règne de pacotille, et une dernière saison désastreuse, ont montré (s’il en était besoin) que les mots creux et les postures vaniteuses ne sont que des impostures dès que les masques tombent et que la réalité apparaît.

Retour sur la communication d’opérette d’un « grand communicant » (selon la presse) à travers 5 « cagades » comme l’ont dit élégamment dans le virage sud du Stade Vélodrome.

1ère « cagade » : penser que l’hypertrophie des mots peut compenser l’atrophie des actes.

En football la vérité du terrain est implacable. Les discours d’avant et d’après match ont du mal à faire trembler les filets. D’ailleurs ils ont rarement tremblé cette saison. Et même lorsque l’OM finit 2e du championnat derrière le PSG en 2013, Vincent Labrune ne peut s’empêcher de jouer, avec assurance, les fiers à bras : « l’OM est en train d’écrire une des plus belles pages sportives de l’histoire du club depuis sa victoire en Ligue des Champions en 1993 ». L’ancien attaché de presse de Jean-Luc Delarue puis de Robert Louis-Dreyfus serait-il le Bernard Tapie du pauvre ? A l’inverse de Nanard, la fameuse page historique est restée vierge. On attend toujours les premières enluminures mais elles ont été emportées par le clapotis de la plage des Catalans.

2e « cagade » : confondre l’image et la relation, péché majeur de la communication manipulatoire.

L’homme porte beau. Il arbore la chemise blanche et la mèche désinvolte d’un BHL mais n’en a pas la verve. Il a le téléphone greffé à l’oreille façon Nicolas Sarkozy mais n’en n’a pas l’énergie. Il a le verbe définitif et caoutchouteux façon Didier Deschamps mais n’en a pas le palmarès. Il a la barbe de trois jours et demi façon Justin Timberlake mais n’en a pas la voix.

Cette charte graphique et langagière de gandin n’a pas suffi à séduire ses principaux « clients » – sans eux la légende du club n’existerait pas – les supporters qui ne se sont jamais privés de lui témoigner de toute leur affection http://bit.ly/2adLOQF  Qui sème le mépris récolte la foudre.

3e « cagade » : l’annonce d’un projet est toujours plus compliquée que le projet lui-même.

Labrune avait parlé du projet « Dortmund » : construire une équipe de jeunes joueurs avec peu de moyens pour viser de grandes ambitions. L’OM devait jouer le rôle du Borussia Dortmund, le « David germanique », et le PSG celui du Bayern Munich, le « Goliath teuton ». Le fameux projet s’est noyé dans les limbes du storytelling dans ce qu’il peut avoir de plus mystificateur. La galéjade est allée droit dans le mur ! http://bit.ly/2adFEjv

 4e « cagade » : manager les hommes comme l’on manipule les mots.

Sa façon de gérer ses deux derniers entraîneurs témoigne de la faiblesse d’un relationnel en carton-pâte. Demandez à Marcelo Bielsa, l’argentin, et à Michel, l’espagnol, ce qu’ils en pensent du maître des lieux.

Ecoutons le premier : « Je crois que le président m’a fait des promesse qu’il savait qu’il ne tiendrait pas ». 1-0 balle au centre.

Quant au 2e, Labrune avait juré la main sur le cœur qu’il terminerait le Championnat avec l’OM : « On est parti [démarré la saison] ensemble, on finira ensemble ». Manque de chance, Michel est viré en avril dernier, deux mois avant la fin. L’insoutenable légèreté des mots, même sur les bords de la Méditerranée, ça fait toujours mal ! 2-0 balle au… on ne sait plus où !

5e « cagade » : rater sa sortie sans trouver le bon discours.

Même dans les derniers instants il n’a pas su porter le verbe haut. Alors que l’histoire était pliée, il dégaina quelques éléments de langage usés qui n’étaient pas de son niveau : « Je ne commente pas la rumeur, j’ai du taf ». Il n’aura pas taffé bien longtemps. Quelques jours plus tard l’affaire était entendue. Exit.

Morale de la story : à force de toujours faire plus de la même chose, on obtient toujours plus du même résultat : 13e du Championnat !

Peuchère, le bilan est rude. Néanmoins, les plateaux de TV devraient s’arracher Vincent Labrune en tant que consultant, ils aiment ces profils clivants. Navrant !

Nous laisserons les mots de la fin à celui qu’il a tant aimé détester (l’inverse est également vrai),  Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais : « J’ai dit à Vincent Labrune que c’était un guignol et qu’il ne durera pas aussi longtemps qui le croit dans le football », (Twitter, septembre 2016). L’homme a du flair. Dix mois plus tard et après l’annonce du « Labrunexit » : « C’est dommage je l’aimais bien en fait ! Good luck Vincent » (Twitter, 14 juillet 2016). Décidemment, il y a quelque chose de fada dans le royaume du foot’.

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