Qu’est-ce que la prophétie autoréalisatrice ?

Pour un sportif, il s’agira d’annoncer comme une évidence sa victoire prochaine. Pour un homme ou une femme politique son triomphe à venir. Pour un dirigeant d’entreprise le succès interplanétaire d’un nouveau produit. Leur communication est bâtie sur la conviction forte qu’il ne peut pas en être autrement. Pourquoi ? Parce que il ne peut pas en être autrement. Le discours tourne en boucle sûr de lui-même et dominateur. Pas le moindre doute !

 Self-fulfilling prophecy

Cette litanie quelque peu péremptoire, et c’est ce qui fait sa force, est bien connue de la sociologie. Une telle prédiction largement ressassée relève de la « prophétie autoréalisatrice ». Le principe de la « self-fulfilling prophecy » a été formulé par le sociologue américain Robert Merton. Pour lui, il existe un mécanisme, validé par une multitude d’exemples, selon lequel lorsque les hommes tiennent une chose pour réelle, elle le devient dans ses conséquences. « Les définitions collectives d’une situation (prophétie et prévisions), explique Merton, font partie intégrante de la situation et affectent ainsi ses développements ultérieurs. »

Pour l’exprimer différemment et de façon plus simple : « Dire », c’est faire agir. « Dire », c’est influencer directement une situation. Selon cette théorie à force de répéter avec assertivité et pugnacité que François Fillon serait  la « surprise » des Primaires, et par un effet d’influence sur les croyances collectives, il pourrait être effectivement présent au deuxième tour. C’est un pari et, pour une fois, l’effet Trump n’a rien à voir là-dedans !

 Divine prévision

Enfin, comme le résume Merton : « Les grands dirigeants partagent le sentiment qu’ils ont été désignés par Di.eu pour réaliser quelque chose d’urgent et d’exceptionnel. » Ce fameux : « je sens monter la vague ! » dont nos politique sont les champions. parfois, il est vrai « elle monte« , le plus souvent le discours restera incantatoire et ne donnera naissance qu’à une vaguelette, et encore ! Chacun aura tout de même essayé de forcer le destin grâce à la puissance des mots en estimant que « dire, c’est faire ». Pourquoi pas ?