Politique

Alain Juppé : une communication clivante

Avec Alain Juppé, une chose est sûre, il n’y aura pas d’affaire Bygmalion. C’est déjà ça. En scrutant son dernier support de communication (photo), l’on se dit, de deux choses l’une, ou ses conseillers sont restés bloqués dans les années 50 et sont adeptes du vintage, et c’est peu probable, ou il s’agit d’une stratégie mûrement pensée et savamment exécutée...

Avec Alain Juppé, une chose est sûre, il n’y aura pas d’affaire Bygmalion. C’est déjà ça. En scrutant son dernier support de communication (photo), l’on se dit, de deux choses l’une, ou ses conseillers sont restés bloqués dans les années 50 et sont adeptes du vintage, et c’est peu probable, ou il s’agit d’une stratégie mûrement pensée et savamment exécutée. Je retiens cette hypothèse.

Une communication frugale

La communication frugale, voilà une façon imparable de se distinguer du concurrent « à gourmette »  qui a fait de la brillance sa marque de fabrique. Réfléchissons une seconde. Ce n’est pas excessif ! Toute stratégie de communication digne de ce nom doit s’appuyer sur un « positionnement » et un « territoire d’expression ». Admettons que pour le maire de Bordeaux, le « positionnement », « affirmation d’un ou plusieurs vecteurs d’excellence et de différentiation » comme l’apprennent les étudiants en communication, soit de jouer la carte de l’humilité, de la modestie voire de la pudeur. Voilà une bonne façon de marquer clairement son « avantage concurrentiel » vis-à-vis du mari de Carla. Une excellente occasion de le renvoyer dans le camp des bavards, des gesticulateurs et des brasseurs de vent. Et sans aucun doute que dans les prochaines semaines, ça va brasser fort !

Le « positionnement », style notaire de province bordelais, a un avantage, il rassure. Aujourd’hui, les enquêtes sociologiques convergent pour dire que les Français aspirent à  de l’apaisement et de la protection. C’est l’image que projette l’ancien premier ministre de Chirac. A l’invers, l’homme du Fouquet’s apparaît de façon encore plus caricaturale comme le candidat de la parole incohérente, de l’image outrancière, de l’esbroufe sémantique et des budgets de communication extravagants. Sa communication diffuse des messages insécurisants, angoissants et anxiogènes aux Français qui semblent rechercher autre chose.

Communication débraillée

L’affiche tant moquée par les supporters de l’ancien maire de Neuilly (dont certains messages seront postés sur Twitter puis retirés. Illustration, s’il en était besoin, d’une communication débraillée), atteint son objectif. Par sa retenue, elle clive l’image de l’un et de l’autre. En plaçant Juppé dans le camp de la sagesse old school, pouissiéreuse diront les sarkozystes, elle renvoie l’ancien Président de la République dans le camp des trublions sans colonne vertébrale prêt à dire tout et son contraire. Annonçant, par exemple, qu’il voterait Hollande dans le cas d’un duel avec Le Pen, lui qui s’était fait le parangon du « ni ni ».

Quant au « territoire d’expression » de Juppé, « espace où le positionnement est légitime et peut trouver à s’exprimer », il occupe un boulevard. L’expression spartiate à travers une image austère, positionne Alain Juppé sur un terrain qui le distingue de son opposant de parti. En se démarquant, il marque une singularité, celle de  « l’autorité sereine » pour reprendre l’expression de Valérie Pécresse pour signifier son ralliement. Ascète de la communication, Juppé creuse son sillon et renforce son offre de « sérénité » qui séduit aujourd’hui les Français et range l’homme au Ray Ban Aviator dans la catégorie des « agités » invétérés appliquant une stratégie de communication pantomimique.

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